Le début de 2012 est difficile pour le marché de l'emploi au Canada, alors que les données pour les deux premiers mois de l'année indiquent une progression pour ainsi dire nulle. Et au Québec, la situation ne s'est pas améliorée le mois dernier, selon ce qui ressort des données publiées hier par Statistique Canada. En fait, l'emploi n'a presque pas bougé en février au Québec, avec une création nette de 200 emplois. Pour les deux premiers mois de 2012, le total de nouveaux postes s'élève à 9700. Quant au taux de chômage, il s'est maintenu à 8,4 % le mois dernier dans la province.
Des données relativement décevantes, ont souligné hier des observateurs de l'économie québécoise. «Février déçoit puisqu'on n'y observe aucun mouvement significatif susceptible de confirmer ou d'infirmer une tendance», a notamment expliqué Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins Études économiques. «Ces données n'apportent pas de réconfort quant au marché du travail, pas plus qu'elles ne jettent de l'huile sur le feu quant à une détérioration marquée de l'emploi au Québec, a-t-elle ajouté. Depuis quelques mois, les signaux économiques ne sont pas tous au diapason, mais les indicateurs ne sont pas non plus tous négatifs. L'amélioration des données économiques au sud de la frontière pourrait être bénéfique, notamment, au secteur manufacturier canadien, qui est concentré au Québec et en Ontario.»
Reste que la situation économique mondiale demeure pour le moins incertaine, ce qui ajoute à l'incertitude sur le marché de l'emploi. «Il y a beaucoup d'hésitation dans l'économie, notamment du côté de l'Europe, où plusieurs pays éprouvent des difficultés importantes. Et au cours des derniers mois, on a vu des débats houleux aux États-Unis au sujet de la dette, mais aussi une décote de la cote de crédit du pays. Les entrepreneurs se demandent donc s'ils doivent embaucher, alors qu'ils ne savent pas s'il y aura une récession cette année.» Pour 2012, Mme Noreau estime qu'il n'y a pas de risque de récession au Canada, mais que la progression devrait demeurer «très modeste».
La fragilité de l'économie se traduit dans les données sur l'emploi à l'échelle nationale. Globalement, les Canadiens ont encore eu du mal à se trouver du travail en février, alors que la création d'emplois a été moindre qu'anticipé. L'économie canadienne a perdu 2800 emplois le mois dernier, continuant une tendance à la baisse qui s'était amorcée l'été dernier. Environ 38 000 personnes de moins étaient à la recherche de travail au pays, une réalité qui a contribué à la baisse du taux de chômage de 0,2 point de pourcentage. Celui-ci s'est fixé à 7,4 %.
En conférence à Toronto, le premier ministre Stephen Harper a qualifié hier le bilan sur l'emploi de décevant, avant de souligner qu'on pouvait tout de même identifier une augmentation du nombre d'emplois à temps plein, une hausse qu'il attribue aux promotions des employés à temps partiel. Les économistes anticipaient la création de 15 000 emplois, une prévision somme toute modeste, étant donné que l'augmentation du nombre de nouveaux emplois se fait presque au compte-gouttes depuis les sept derniers mois. M. Harper a rappelé que la reprise économique du Canada «demeurait fragile» et ajouté que le portrait de l'emploi aux États-Unis montrait des signes encourageants.
Par ailleurs, l'exode des travailleurs sur le marché de l'emploi le mois dernier a retenu l'attention lors de la publication des données de Statistique Canada. Au pays, il y a eu 37 900 Canadiens de moins qui ont cherché du travail et en Ontario, la population active a diminué de 40 500 personnes. Ainsi, la diminution de la population active a contribué à la baisse du taux de chômage, et ce, bien qu'il y ait désormais moins de travailleurs. C'est ce qui expliquerait que le taux de chômage ontarien soit passé de 8,1 à 7,6 % en février. L'emploi à temps plein et l'emploi à temps partiel ont peu varié en février. Par rapport à 12 mois plus tôt, le nombre de travailleurs à temps plein a augmenté de 1,5 % (+204 000), alors que celui des travailleurs à temps partiel a baissé de 2,5 % (-83 000). On a observé un recul de l'emploi chez les jeunes de 15 à 24 ans, alors qu'il a progressé chez les 55 ans et plus. Il était inchangé chez les 25 à 54 ans. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, il a régressé pour un cinquième mois d'affilée, en baisse de 27 000, et leur taux de chômage s'est fixé à 14,7 %.