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mardi, mai 27, 2008

Les «survivalistes» prônent l'autosuffisance pour vivre sans pétrole

Ils ne cherchent pas à sauver la planète, juste leur vie. Convaincus que les réserves de pétrole décroissent irrémédiablement et que l'économie mondiale va dans le mur, des Américains s'installent à la campagne pour mener une vie frugale et autarcique, et certains stockent même des armes pour se protéger de hordes d'affamés non préparés à faire face à la grave crise qui menace, selon ces «survivalistes», le pays. Il y a quelques années, Kathleen Breault, 50 ans, vivait dans une banlieue de l'État de New York, où elle menait une vie ordinaire d'Américaine moyenne, conduisant sa voiture pendant des heures chaque semaine, déjeunant chez McDonald's, faisant son shopping dans un centre commercial et passant sa soirée devant la télévision.

C'était avant qu'elle entende parler du sombre avenir des réserves mondiales de pétrole. Aujourd'hui, elle se prépare à la disparition de la société de consommation actuelle. Mme Breault a divisé par deux ses trajets en voiture, se nourrit désormais de produits locaux et a perdu 32 kilos. Elle a également fait une croix sur ses cartes de crédit, la télévision et l'avion, et a commencé à utiliser un poêle à bois. On ne sait pas combien d'Américains vivent comme Mme Breault, mais on estime que le mouvement a pris de l'ampleur ces dernières années. Ces «survivalistes» ne mènent pas une sorte de révolution verte visant à sauver la planète. Beaucoup pensent qu'il est trop tard pour cela et cherchent simplement à se sauver eux-mêmes.

Certains agissent discrètement, et sont peu diserts sur leurs préparatifs, craignant par exemple de mettre en danger leur famille en révélant le lieu où ils stockent leurs provisions. Ils envisagent un avenir où les villes américaines seront pleines de réfugiés affamés et désespérés en quête de nourriture, d'abris et d'eau. «Des choses vont arriver lorsque les gens ne pourront obtenir ce dont ils ont besoin pour eux-mêmes et leur famille», prédit Lynn-Marie, qui estime que les villes américaines pourraient connaître une montée de la violence dès 2012. Lynn-Marie refuse de donner son nom pour protéger sa ferme dans l'Idaho. De nombreux «survivalistes» ont refusé de parler à l'Associated Press pour les mêmes raisons. Ces Américains qui redoutent le pire croient dans le concept d'un pic de production de pétrole, suivi d'une baisse inexorable de l'offre de brut. Selon les chercheurs qui soutiennent cette théorie, le déclin est déjà amorcé ou va bientôt commencer. Mais de nombreux scientifiques soulignent que d'autres sources d'énergie viendront compenser le manque d'or noir.

Lynn-Marie et son mari ont planté un verger de 40 arbres, construit une serre avec un système d'irrigation propre, ont commencé à élever des poulets et des porcs, et ont appris à les abattre. D'ici 2012, ils espèrent couvrir leurs besoins en électricité grâce à des panneaux solaires et produire leur propre viande, lait et légumes. «Les gens ne seront pas préparés» à ce changement, prédit Lynn-Marie. «On peut imaginer des hordes en maraude.» Sur le site PeakOil.com, littéralement «pic de pétrole.com», qui a réuni jusqu'à 800 personnes lors de récentes soirées, on évoque volontiers l'avenir du monde. Certains estiment qu'il n'y aura pas de krach financier, mais plutôt une lente dégradation de la situation économique. Certains pensent que le gouvernement américain réagira à la perte de «sécurité» énergétique en restreignant les libertés individuelles et d'autres pensent que l'État ne sera pas en mesure d'assurer les services de base à la population durant la crise. Les autorités, estiment-ils, seront largement impuissantes.