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samedi, janvier 31, 2009

Encore du sale temps pour le climat en 2009

Une crise financière et économique de courte durée: c'est l'espoir de Martin Beniston. Une crise qui ne conduise pas à faire table rase des politiques de protection du climat et d'adaptation aux changements de ce dernier. «Si la situation économique devient moins chaotique, on reviendra aux préoccupations sur le long terme. Mais cela reste un espoir...» S'il ne voit guère de motif d'optimisme, Suren Erkman observe au moins la prise de conscience progressive que «l'enjeu vraiment prioritaire, c'est l'adaptation».

L'adoption de mesures fortes pour agir sur le climat lui-même, si elle intervient, arrivera assurément trop tard dans ses effets. Autrement dit, il faudra s'adapter. Reconstruire des ponts surélevés (crues plus fortes), ajuster l'offre touristique au manque de neige, etc, etc. «On commence à réaliser et à dire ouvertement, même en dehors des milieux directement initiés, qui l'ont compris depuis longtemps, que l'adaptation va devenir un enjeu majeur auquel on ne pourra se soustraire», constate Suren Erkman.

En 2009, Jacques Mirenowicz se réjouit, lui, de lancer le site internet «Le climat entre nos mains», avec un calculateur permettant aux citoyens de Suisse et de France de calculer leurs émissions de gaz à effet de serre et de recevoir un diagnostic personnalisé. Le site proposera 18 actions efficaces et ciblées avec un guide pratique. «Nous n'aurons pas une réponse adéquate au défi du changement climatique sans une prise en charge citoyenne qui mette la pression sur les gouvernements afin qu'ils osent prendre les mesures nécessaires pour réduire structurellement nos émissions.» Et pour Jacques Mirenowicz, le site internet en question peut permettre d'enclencher le type de dynamique vertueuse personnelle qui motive ensuite à agir sur un plan plus politique.

Pour le rédacteur en chef, la Conférence de Copenhague en décembre 2009 (sur l'après-Kyoto) est un autre motif d'espoir. Elle permettra de focaliser l'attention sur les propositions de mesures. «Ce sera l'occasion de faire preuve d'intelligence, notamment en matière de propositions d'économie d'énergie ou de valorisation des énergies renouvelables indigènes.»

Les gros nuages noirs
Si des progrès n'interviennent pas en coulisses après la conférence de Poznan, préparatoire de celle de Copenhague, le dossier de l'après-Kyoto risque le blocage, craint, lui, Martin Beniston. «Si Copenhague échoue, ça ne voudra pas dire que tout est fini, mais la mise en place des mécanismes – économiques, technologiques, politiques - sera reportée de plusieurs années. Or, il y a urgence, vu la grande inertie du système climatique.»

Plus on tardera, plus les aspects de montée des océans, d'approvisionnement en eau ou de la sécurité alimentaire deviendront cruciaux et toucheront les couches pauvres de la population mondiale, rappelle Martin Beniston. Il note à cet égard que les dernières données recueillies en Arctique indiquent que les estimations du Giec en 2007 étaient très conservatrices. «Le dégel est beaucoup plus rapide qu'anticipé, au niveau de la banquise comme de la calotte du Groenland. Avec des implications directes sur la montée des océans et, donc, sur les régions côtières et les économies des riverains.»

Sur le terrain de l'action, Jacques Mirenowicz se dit inquiet de la «faiblesse du politique». La vision politique en matière climatique manque. Il en veut pour preuve la pétition («Non au charbon!») lancée pour s'opposer à la volonté des électriciens suisses d'investir dans les centrales à charbon allemandes, qui n'a recueilli qu'un soutien politique «extrêmement faible». A l'échelle du continent, la prochaine présidence de l'Union européenne sera assurée par la Tchéquie de Vaclav Klaus, «un négationniste en matière de climat, ce qui n'est pas du tout rassurant. Nous avons besoin en Europe d'un Al Gore, de leaders politiques charismatiques capables d'expliquer à quel point il est pertinent et intelligent d'affronter ce défi inédit».

Le problème n'est pas seulement chez les politiques, il est aussi chez les scientifiques, estime Jacques Mirenowicz. Des scientifiques qui «ont trop tendance à se retrancher derrière la neutralité de leur travail pour éviter de s'investir en tant que citoyens» et revendiquer des mesures plus efficaces de réduction des émissions à effet de serre. Suren Erkman, lui, ne cache pas sa perplexité face à «l'engouement pour les pseudo-solutions» opposées au changement climatique. Celle de la compensation du carbone, par exemple, que la Suisse appuie. «On se donne bonne conscience à bon compte, mais cela ne résout rien. Au sens strict, on ne compense rien, c'est un jeu de langage et un nouveau business.»

Pour l'après-Kyoto, Suren Erkman est réservé sur les chances d'obtenir un accord définitif à Copenhague. Et pas seulement en raison de la mauvaise volonté des acteurs. La difficulté technique d'aboutir à un tel accord et de pouvoir l'appliquer est énorme. Il faut s'accorder sur les manières de comptabiliser, les méthodologies d'évaluation, les procédures de vérification... «Si on n'aboutit pas à Copenhague, ce n'est pas très grave, la tendance est là, estime Suren Erkman. De toute manière, il ne faut pas se faire d'illusions. Kyoto, c'est anecdotique. Et l'après-Kyoto risque de rester relativement anecdotique aussi.» Selon les dernières estimations, Kyoto induira une réduction maximale de 4% des émissions de gaz à effet de serre, pour des pays pesant un quart des émissions de la planète. «Une énergie considérable est mise dans ces négociations sur le climat. Ce qui, a priori, est une bonne chose. Mais pour le moment, on n'en voit pas de résultats vraiment spectaculaires.

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