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mardi, avril 03, 2007

Un premier livre à 96 ans

Il n'y a pas d'âge... Effondré après la mort de sa femme, Harry Bernstein ne savait plus quoi faire de lui-même. Ce nonagénaire a donc pris la plume, pour un premier livre publié pour ses 96 ans. "The Invisible Wall" est la chronique d'une enfance difficile en Angleterre, entre un père alcoolique et violent, une mère-courage et l'antisémitisme.

Lorsque Ruby, son épouse depuis près de 70 ans, a succombé à une leucémie en 2002, Harry Bernstein, alors âgé de 93 ans, s'est retrouvé face à son chagrin, sa solitude et ses souvenirs. "Je ne savais pas quoi faire... Quand vous avez plus de 90 ans, il n'y a rien d'autre à penser qu'au passé. Il n'y a pas d'avenir. Et très peu de présent", raconte le vieil homme, voix ferme et idées claires, même s'il se déplace lentement, aidé d'une cane, dans sa maison du New Jersey. "Alors vous pensez au passé, surtout la nuit, couché dans votre lit. Et tout m'est revenu, alors j'ai commencé à écrire, ça m'occupait, et c'était vraiment la meilleure thérapie que j'aurais pu trouver."

Une fois son manuscrit bouclé, le vieux monsieur a tenté sa chance chez plusieurs éditeurs. Sans succès. Le manuscrit a ensuite dormi pendant un an chez un éditeur britannique, avant de tomber entre les mains d'une éditrice, qui n'a plus réussi à le reposer. Le "Mur invisible" du titre, c'est celui qui séparait le "côté juif" de la rue du côté chrétien dans la ville de son enfance, Stockport, près de Manchester. La seule chose qu'avaient en commun ces "deux mondes séparés", c'était la pauvreté. Il raconte les ivrognes hurlant dans la rue: "Qui a tué le Christ? Ces sales juifs!"

Le livre raconte surtout l'histoire d'une passerelle entre ces deux univers ennemis: Lily, la soeur de l'auteur, qui tombe amoureuse d'un camarade de classe chrétien, Arthur Forshaw. Au grand dam des familles. Et lorsque le jeune couple se marie en secret, la famille de Lily la renie officiellement, la considérant désormais comme morte. "Les premières 25 années de ma vie ont été très tristes", se souvient Harry Bernstein, "mais je me suis rattrapé après mon mariage. Ce furent des années merveilleuses".

Harry et Ruby Bernstein se marièrent à New York pendant la Grande Dépression. Comme l'argent était rare, leur voyage de noces consista en un week-end à se promener dans Central Park, Ruby retournant travailler dès le lundi... Les Bernstein ont eu deux enfants, Adraenne et Charles. "Les gens qui ne le connaissent pas ont dû trouver ça étonnant", dit Adraenne du fait que son père se mette si tard à l'écriture, après avoir été journaliste freelance, éditeur de magazines et lecteur de scénarii. "Mais pour moi, sa fille, sachant à quel point il est discipliné, travailleur et talentueux, ça n'a pas été une surprise".

Même s'il a mis le temps, maintenant qu'il s'est lancé, Bernstein ne veut plus s'arrêter. Son second livre est presque fini: "The Dream" (Le Rêve) raconte l'émigration de sa famille vers les États-Unis. Il a déjà trouvé un éditeur... Le vieil homme écrit dans sa chambre, sur une machine à écrire. L'ordinateur, il trouve ça trop compliqué, sauf pour lire ses courriels... Et à son âge respectable, il ne s'impose pas de discipline drastique: au lieu de s'angoisser pour une page blanche ou des délais à respecter, il se contente d'écrire, tant qu'il en a envie.

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