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lundi, octobre 03, 2011

Chicane de banquiers

La bataille se poursuit entre les pouvoirs publics et les grandes banques pour décider si au moins quelques leçons seront tirées de la terrible crise que vient d'infliger le secteur financier à la planète. L'histoire est trop rare et croustillante, dans le monde feutré des banquiers, pour ne pas y revenir. On raconte que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a été violemment pris à partie lors d'une rencontre à huis clos qui s'est tenue il y a une dizaine de jours à Washington et à laquelle participaient une trentaine de banquiers. L'auteur de cette charge verbale en règle était le patron de la puissante banque d'affaires américaine JPMorgan Chase, Jamie Dimon. Il aurait entre autres choses accusé Mark Carney, qui est aussi à la tête du comité de surveillance des marchés financiers mondiaux de la Banque des règlements internationaux (BIS), de s'être fait le défenseur de nouvelles règles bancaires internationales «antiaméricaines». Le ton du banquier américain était, paraît-il, tellement virulent, que l'un de ses confrères, le p.-d.g. de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, se serait ensuite senti obligé d'envoyer un petit courriel au Canadien dans l'espoir d'en arrondir un peu les angles.

Jamie Dimon en avait, semble-t-il, particulièrement contre cette disposition des nouveaux accords de Bâle III prévoyant porter de 3,5 % à 7 % le minimum d'actifs de première qualité que les banques doivent en tout temps conserver en réserve, et allant même jusqu'à ajouter 2,5 % pour les 28 plus grandes institutions financières dites d'importance systémique. En plus de désavantager injustement les grandes banques comme la sienne, aurait-il encore une fois plaidé, l'ajout de telles contraintes sur le milieu de la finance est le plus sûr moyen de nuire à une économie qui manque déjà de souffle.

Ce n'est pas la première fois que Jamie Dimon épingle un banquier central sur ces questions. Fait rare pour quelqu'un, comme lui, qui a directement accès aux dirigeants de la Réserve fédérale américaine, il s'était glissé cet été dans une période de questions pour interpeller publiquement son président, Ben Bernanke. Le patron de JPMorgan Chase n'est pas le seul à se plaindre des nouvelles règles que l'on cherche à mettre en place pour éviter une répétition du terrible gâchis causé par le secteur financier en 2008. De plus en plus de banquiers et de politiciens osent aujourd'hui remettre ouvertement en cause un resserrement des normes nationales et internationales jugé excessif. On rapportait, cet été, que le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, aurait lui-même déjà commencé à dire à ceux chargés de traduire sa fameuse réforme financière Dodd-Frank en règles concrètes de mettre la pédale douce pour ne pas nuire à la difficile reprise économique.