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lundi, juin 06, 2011

New York: Dominique Strauss-Kahn plaide non coupable devant la justice

Inculpé pour tentative de viol sur une femme de chambre d'un hôtel de Manhattan, Dominique Strauss-Kahn a plaidé non coupable lundi lors d'une brève audience préliminaire devant la Cour suprême de New York, un peu plus de trois semaines après son arrestation. Dans la salle d'audience, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a plaidé non coupable, d'une voix forte, entouré de ses avocats, Benjamin Brafman et William Taylor, et sous les yeux de son épouse, l'ancienne journaliste Anne Sinclair. En attendant le procès, qui devrait être organisé d'ici six mois, le prochain rendez-vous judiciaire de DSK a été fixé au 18 juillet.

À l'audience, qui a duré environ cinq minutes, Dominique Strauss-Kahn a été notifié formellement des sept chefs d'accusation retenus contre lui — acte sexuel criminel, tentative de viol et agression sexuelle notamment. Des charges en théorie passibles de plus de 70 ans de prison. Comme le veut l'usage, le juge Michael Obus, qui avait décidé le 19 mai d'accéder à sa demande de libération sous caution en échange de strictes conditions, lui a déclaré qu'il avait le droit d'être présent à son procès.

Les avocats de la défense ont expliqué dans un document remis à la Cour qu'ils voulaient avoir accès aux rapports de police, analyses médico-légales et à toute déclaration de l'accusation à des témoins potentiels. Ils ont également demandé si des poursuites au civil destinées à obtenir des dommages et intérêts avaient été lancées. L'accusation dispose de plusieurs semaines pour répondre.

DSK, qui était attendu devant le siège de la Cour par de nombreux journalistes, a été hué par une cinquantaine d'employés d'hôtel, dont le transport en autobus jusqu'au site avait été organisé par leur syndicat. «Honte à vous!», ont-ils crié à son arrivée et à sa sortie. À l'issue de l'audience, son avocat Ben Brafman a affirmé qu'à la fin de l'affaire, il apparaîtrait qu'il n'y avait aucun «élément de coercition» dans le dossier et que «toute suggestion du contraire n'est simplement pas crédible». Ce qui renforce la thèse selon laquelle la défense pourrait arguer d'une relation consentie. Me Brafman a également répété que lui et son confrère William Taylor réservaient leurs explications à la justice.

De son côté, l'avocat de la femme de chambre, Kenneth Thompson, a expliqué que sa cliente viendrait témoigner à la barre. Elle «veut que vous sachiez que tout le pouvoir, l'argent et l'influence (...) de Dominique Strauss-Khan n'empêcheront pas la vérité sur ce qu'il lui a fait dans cette chambre d'hôtel de sortir», a-t-il dit. «Elle se bat pour les femmes dans le monde agressées sexuellement qui ont trop peur pour parler», a-t-il lancé. Traumatisée, la jeune femme ne travaille plus depuis l'affaire, a précisé son avocat. L'ancien patron du FMI avait démissionné de son poste le 18 mai, disant vouloir protéger l'image de l'institution et consacrer «toute (son) énergie» à démontrer son innocence. Ses avocats avaient maintes fois annoncé qu'il plaiderait non coupable. DSK est notamment accusé d'agression sexuelle, de tentative de viol et d'attouchements forcés le 14 mai sur une femme de chambre de 32 ans, d'origine africaine, dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel à Manhattan.

Le 16 mai, Benjamin Brafman avait déclaré devant la justice que selon la défense les éléments de preuve médico-légaux ne seraient pas compatibles avec la thèse d'une relation forcée, laissant imaginer une possible stratégie de défense fondée sur un rapport sexuel consenti. Dans une lettre au procureur Cyrus Vance fils, ultérieurement rendue publique, les avocats de l'homme politique français avaient dit disposer d'informations qui pourraient «sérieusement ébranler la qualité de l'accusation et également gravement fragiliser la crédibilité» de la femme de chambre.

L'ex-directeur général du FMI est actuellement assigné à résidence dans une maison du quartier huppé de TriBeCa à New York suite à la décision le 19 mai du juge Michael Obus de le libérer contre une caution d'un million de dollars américains et une assurance de 5 millions $ US. Dominique Strauss-Kahn avait été interpellé quelques heures après les faits qui lui sont reprochés, à bord d'un avion d'Air France qui s'apprêtait à décoller de l'aéroport international John F. Kennedy. Deux jours plus tard, sa première demande de libération sous caution avait été rejetée par la juge Melissa Jackson, et DSK a ensuite été détenu quelques jours dans une cellule individuelle de la prison de Rikers Island.