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samedi, octobre 11, 2008

L'Autriche sous le choc de la mort de Jörg Haider

La mort de Jörg Haider dans un accident de voiture ce samedi matin est un véritable séisme pour l'Autriche, dont le leader d'extrême droite était redevenu, lors des dernières élections législatives, un acteur politique majeur. Portrait d'un personnage discuté - et discutable. Une conférence de presse retransmise en direct à la télévision nationale, des hommages qui pleuvent: la mort accidentelle de Jörg Haider suscite une émotion considérable en Autriche.

Heinz Fischer, le président de la République, a parlé d'une "tragédie humaine", le chef des sociaux-démocrates (SPÖ) Werner Faymann de la disparition d'un "homme politique d'exception", dont le courage politique suscite même un "profond respect" chez le leader des conservateurs-chrétiens (ÖVP), Wilhelm Molterer. C'est dire si la disparition subite de le la "bête politique" qu'était Jörg Haider provoque la consternation en Autriche, quinze jours après des élections, le 28 septembre dernier, qui avaient signé son come-back sur la scène nationale. Son petit parti, le BZÖ, formé en 2005 après une scission de l'extrême-droite, avait remporté à la surprise générale 10,7%, en surfant sur les inquiétudes des Autrichiens face à la crise financière. Jörg Haider se positionnait de nouveau comme un partenaire possible de la coalition gouvernementale à venir.

On en oublierait presque que tout au long de sa carrière politique, le gouverneur de la région de Carinthie s'était fait beaucoup d'ennemis, en prenant des positions extrêmes qui l'avaient rendu infréquentable jusqu'à qu'en 2000, lorsque le chancelier Wolfgang Schüssel brisa le tabou en constituant une coalition montrée du doigt avec son parti d'alors, le FPÖ, qui avait séduit 26,9% de l'électorat de la petite république alpine.

Quand Jörg Haider en prend la tête en 1986, ce petit rassemblement de contestataires ne recueille que 250 000 voix, un chiffre porté à 1,2 millions treize ans plus tard. Dérapages antisémites notoires, relativisme concernant les responsabilités de l'Autriche dans la traque des juifs durant la seconde guerre mondiale, campagnes islamophobes, anti-immigrés, anti-demandeurs d'asiles, humiliations de la minorité slovène dans la région qu'il gouvernait, attaques contre la prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek et son art "dégénéré", amitiés irakiennes et libyennes douteuses avaient dessiné à l'étranger la caricature d'une Autriche néo-nazie et fait de ce bellâtre un épouvantail pour les démocrates européens. Autant que dans son pays un protecteur de l'Autriche d'en bas contre les élites viennoises et bruxelloises.

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