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jeudi, octobre 09, 2008

L'Islande s'enfonce dans la crise

Le redressement de l'Islande prendra «des années», a averti hier son premier ministre alors que le pays, en proie à une crise financière majeure, a essuyé une nouvelle série de revers économiquees. Interrogé par des journalistes sur le temps qu'il faudra au pays nordique pour sortir de la crise et assainir son économie, le chef du gouvernement, Geir Haarde, a répondu que cela prendrait «des années». Et d'ajouter: «Mais probablement pas de nombreuses années. Nous avons des ressources sur terre comme en mer», a-t-il fait valoir, dans une allusion notamment aux fonderies d'aluminium et à la pêche, deux secteurs clés de l'économie nationale. Mais il a également précisé que l'Islande, petit pays de 313 000 habitants, n'avait pas les reins assez solides pour affronter seule la tempête, alors que le secteur financier représente huit à neuf fois son produit intérieur brut. «Nous sommes trop petits», a reconnu M. Haarde, qui ne ménage pas ses efforts depuis le début de la semaine pour trouver à l'étranger les liquidités indispensables pour garantir tous les encours des banques islandaises et écarter le risque d'un effondrement général de l'économie. Après avoir placé deux des plus grandes banques du pays sous la tutelle de l'État et tenté, par l'entremise de la Banque centrale, d'enrayer la dépréciation de la couronne face à l'euro en fixant leur parité de change, le gouvernement a annoncé que les négociations avec la Russie pour un prêt d'environ quatre milliards d'euros débuteraient mardi à Moscou.

M. Haarde, cité par le Financial Times d'hier, a expliqué «chercher de nouveaux amis» après avoir essuyé plusieurs refus de prêt, désignant implicitement Washington, un des principaux partenaires politiques et commerciaux de l'Islande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. M. Haarde a en revanche indiqué avoir décliné pour le moment une offre du Fonds monétaire international (FMI), qui avait dépêché une mission d'urgence sur l'île. La crise a par ailleurs créé des tensions entre Reykjavik et Londres après que la banque en ligne Icesave, filiale britannique de la banque islandaise Landsbanki, eut gelé les comptes de ses clients. Le premier ministre britannique Grodon Brown a annoncé qu'il lançait une action en justice contre les autorités islandaises, avant que le premier ministre islandais ne publie un communiqué d'apaisement. «Le gouvernement islandais est déterminé à ne pas laisser la crise financière actuelle assombrir les relations amicales entre l'Islande et le Royaume-Uni», a-t-il assuré, alors que des discussions bilatérales à haut niveau se déroulaient au 10 Downing Street. Dans le même temps, la Banque centrale islandaise annonçait renoncer à maintenir un taux de change fixe entre la couronne et l'euro imposé la veille pour enrayer la dévaluation de sa monnaie. «Ce taux de change ne bénéficie pas d'un soutien suffisant», a déploré la Sedlabanki en annonçant le retour des changes euro/couronne aux conditions du marché. La couronne a perdu 11,1 % depuis lundi par rapport à l'euro. Hier, le taux de change était d'un euro pour 172 couronnes contre 90 au 1er janvier.

Parallèlement, les banques islandaises, dont les deux principales, Glitnir et Landsbanki, ont été placées sous la tutelle de l'État, ont commencé à se débarrasser de leurs filiales étrangères et de leurs participations pour tenter de se maintenir à flot. À Reykjavik, un millier de personnes se sont rassemblées sur une place à proximité du Parlement pour exprimer leur inquiétude face à la crise financière, mais ils affichaient dans l'ensemble une sérénité déconcertante. «Je suis convaincue que le gouvernement a pris les bonnes mesures», expliquait Elisabet Eufa Arnarsdottir, une étudiante de 23 ans, en retirant de l'argent à un guichet de banque.

Un modèle
Jusqu'à une date récente, ce petit État nordique faisait figure de modèle, créant rapidement de la richesse malgré sa modeste stature sur la scène internationale. La dérégulation du marché financier national dans les années 1990 a alimenté un boom de la Bourse qui a permis aux entreprises et banques islandaises d'investir à tour de bras dans toute l'Europe. Elles ont ainsi conquis des pans entiers de l'économie britannique, des magasins de prêt-à-porter aux équipes de football. Mais ce succès pourrait paradoxalement provoquer la chute de l'île volcanique. Le secteur bancaire du pays a connu une croissance telle qu'il représente aujourd'hui environ neuf fois le PIB annuel, d'un montant de 14 milliards d'euros. L'économie autrefois basée sur la pêche en est devenue particulièrement vulnérable aux tourments de la finance. En outre, du fait de la petite taille de l'Islande, banques et entreprises ont pris des participations croisées les unes dans les autres, devenant fortement interdépendantes et faisant craindre un effet «château de cartes» en cas d'effondrement.

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