L'économie, pour qui?

Même de l'autre côté de l'Atlantique, votre reportaire se tient au courant des nouvelles et enjeux de la société québécoise. Il a donc appris aujourd'hui que Gilles Proulx était vraiment dans la merde pour ses phrases chocs dans L'Avocat et le Diable ainsi que le campagne de notre chère Pauline Marois battait de l'aile. Cependant une opinion d'un lecteur l'a tellement plus que ce reportaire ne peut se convaincre de ne pas la pliager. Donc voici sans plus attendre la lettre de Robert Jasmin Publier dans l'édition du Devoir du 3 octobre 2005:

Dans une entrevue radiophonique accordée à Pierre Maisonneuve, un homme d'affaires québécois lui parlait depuis la Chine. Ce monsieur, un certain Luc Métivier, faisait partie du groupe missionnaire qui accompagnait notre premier ministre. Évoquant les perspectives alléchantes pour son entreprise (les Chinois lui fabriquent des moules), il déclara que, là-bas, les choses allaient très bien. Parce que, disait-il, «là-bas, il n'y a pas de syndicats, ni de CSST» ni, laissait-il entendre, autres empêchements de produire en rond.

En réponse à une question de l'animateur, l'homme d'affaires affirme que l'absence de tous ces règlements, «c'est bon pour l'économie !». Le parfait élève-victime de l'école néolibérale laissait échapper là des paroles qui ont dû couler comme du miel dans les oreilles des idéologues de l'Institut économique de Montréal.

«Bon pour l'économie !», mais c'est qui ça, l'économie ? Quand donc allons-nous comprendre que l'économie ne règne pas dans les cieux à la manière d'un dieu comme on voudrait nous le faire croire; que l'économie actuelle n'est pas une science objective, mais bien un système concocté par certains au profit de certains; que l'économie peut être autre, c'est-à-dire qu'elle peut, si on le veut, fonctionner pour les gens et non pour l'argent; que l'économie sans syndicats, sans CSST, et autres machins réglementaires, c'est la loi de la jungle, la loi du plus fort, impitoyable pour le plus faible et injuste pour l'immense majorité des êtres humains !

Le Devoir