En Italie, les Roms sont des boucs émissaires
Le sentiment anti-rom a dégénéré près de Naples le mois dernier, après qu'une adolescente du camp tsigane roumain de Ponticelli eut été accusée d'avoir tenté de kidnapper un bébé. Elle n'a échappé au lynchage des habitants que grâce à la police. Mais les expéditions punitives et les coktails Molotov lancés quelques nuits plus tard sur les cabanes et les caravanes tsiganes ont provoqué l'évacuation précipitée de six campements roms en vingt-quatre heures. Sous la protection des forces de l'ordre et les hurlements de la foule qui lançait des pierres, plusieurs centaines de familles ont dû laisser derrière elles des habits, des jouets, de la nourriture et même leurs chiens.
À quelques pas des voitures de police en faction devant le camp calciné de Ponticelli, les jeunes du quartier achètent des cigarettes à l'unité et le papier pour rouler leurs joints à la buvette ambulante. Ici, personne ne regrette les Roms. «Les choses vont sûrement changer, pense Matteo Di Fiore, un résident, accoudé au comptoir. Berlusconi est d'accord pour les faire partir. Parce qu'ils ne font aucun effort pour travailler.» Pour de nombreux Italiens, les Roms ne sont que des étrangers criminels et indésirables. Tous les vols leur sont attribués, jusqu'à celui du linge séchant aux fenêtres. Ils sont accusés de ne pas envoyer leurs enfants à l'école, d'être sales, de ne pas vivre comme tout le monde. «On aurait peut-être pu éviter les cocktails Molotov, parce qu'il y avait des enfants dans le campement, concède Paolo Cozzolino, autre résident de Ponticelli. Ce fut un geste de colère de la part de tous. Mais ces Roms volent tout le temps. Tant que c'étaient des choses matérielles, on pouvait laisser passer. Mais des enfants, non.»
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