Des cheveux de Ramsès II sur le net
L'homme, âgé de 50 ans et facteur de profession, affirme être en possession d'"échantillons" de la momie car son père avait participé à des opérations d'analyses et de traitement effectués à la fin des années 1970 par le Commissariat à l'énergie atomique sur le corps du pharaon momifié et inhumé 1300 ans avant notre ère, selon la même source.
La police judiciaire a saisi au domicile du vendeur, également écrivain public et correspondant du quotidien le Dauphiné-Libéré, une dizaine de sachets plastique et de petites boites contenant de minuscules échantillons de cheveux et de bandelettes d'une longueur d'un centimètre environ, censés avoir appartenu à Ramsès II. L'ensemble ne pèse que quelques grammes. Le vendeur, qui a été remis en liberté dans l'après-midi, devrait être poursuivi ultérieurement pour "recels".
"C'est vraiment une bêtise. Il a essayé de vendre ces cheveux uniquement par curiosité, pour rigoler, vraiment pas dans le but de gagner de l'argent, juste pour voir s'il y avait des gens intéressés", a expliqué à l'Associated Press l'épouse du facteur, Sonia Diebolt. Selon elle, les "échantillons" que possède Jean-Michel Diebolt sont authentiques. "Ils lui viennent de son père qui est décédé, j'ignore si ce dernier avait le droit de les prendre, mais ils sont bien vrais."
"Vends mèches de cheveu de la momie de Ramsès II: 2000 euros" (3000 $ CAN), proclamait l'annonce du site www.vivastreet.fr, retirée de la consultation mercredi matin. Elle précisait que l'offre portait également sur des échantillons de résine d'embaumement et de bandelettes de la momie.
Conservée aujourd'hui au Musée du Caire, la momie de Ramsès II avait été envoyée en France en 1976 pour déterminer les causes du mal étrange qui rongeait le cadavre du dernier grand pharaon qui régna de 1279 à 1213 avant J.-C. C'était la première fois qu'une dépouille de pharaon quittait l'Egypte. Les analyses effectuées en France avaient diagnostiqué un champignon rare, le daedalea biennis fries, comme cause du mal qui rongeait la momie, qui avait alors été traitée en France.
Dans un communiqué, le CEA a rappelé mercredi avoir mené "deux types d'opération" sur la momie. Il s'agissait de la "désinfection par irradiation" en mai 1977 au centre de Saclay, "où la momie est restée dans un caisson sous la surveillance du Musée de l'Homme et d'un représentant des autorités égyptiennes", et de "l'analyse de bandelettes et de fragments de cheveux provenant du linceul et non prélevés sur la tête de la momie".
Pour cette opération, les échantillons avaient été "recueillis par le musée de l'Homme" et envoyés "sous scellés" au CEA de Grenoble, ne nécessitant donc pas "le déplacement de la momie à Grenoble", souligne le CEA. Elle concernait "trois fragments de cheveux d'une masse comprise entre 0,3 et 2 milligrammes ainsi qu'un fragment de bandelettes de 10 milligrammes et un échantillon de résine de 57 milligrammes".
"Les échantillons sont arrivés sous scellés" au centre CEA de Grenoble", ajoute le communiqué. Les protocoles de fourniture d'échantillons et les résultats des analyses ont fait l'objet d'une publication par le musée de l'Homme qui avait envoyé "par ailleurs des échantillons comparables de la momie à une quarantaine de laboratoires français", rappelle enfin le CEA.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, a déclaré mercredi qu'il suivait "avec attention ce dossier, en liaison avec les autorités égyptiennes dont (la France est) solidaire, ainsi qu'avec le Muséum national d'histoire naturelle". "Celui-ci a porté plainte et l'affaire est aujourd'hui entre les mains de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels. Une enquête a été immédiatement ouverte et nous en attendons les conclusions."
En Egypte, le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités, Zahi Hawas, a déclaré à l'AP au Caire qu'il avait adressé une lettre à l'ambassadeur français. "La momie se trouvait sous la protection du gouvernement français qui est responsable de tout. Aujourd'hui, j'attends une explication", a-t-il dit. "S'il s'avère que les cheveux sont authentiques, nous voulons les récupérer et qu'une grande enquête soit menée."
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